Il existe une frontière subtile entre la générosité et le fait d’être pris pour acquis.
Lorsque vous offrez votre temps, vos compétences, votre énergie — trop souvent et sans condition — certaines personnes cessent de voir cela comme un cadeau.
Ce qui était un geste de bienveillance devient une habitude.
Ce qui était exceptionnel devient normal.
Ce qui était apprécié devient attendu.
Vous le remarquerez dans les silences,
dans les regards qui ne disent plus merci,
dans les demandes qui ne laissent plus place à la considération.
Ils oublient le prix de ce que vous apportez.
Les nuits sans sommeil, la charge mentale, l’attention aux détails, les sacrifices personnels.
Parce que vous n’avez pas fixé de tarif, ils croient que cela ne vaut rien.
Et pourtant, ces mêmes personnes…
paieront sans hésiter pour les mêmes services ailleurs.
Ils rémunéreront un inconnu pour ce qu’ils vous demandaient gratuitement,
et lui accorderont le respect, la reconnaissance,
et la valeur qu’ils vous ont refusés.
C’est là tout le paradoxe d’une générosité sans garde-fou :
Elle nourrit les autres, mais finit par affamer l’estime de soi.
Soyons clairs :
Être généreux n’est pas une faiblesse.
Et poser des limites n’est pas de l’égoïsme — c’est de la sagesse.
Vous n’avez pas à vous épuiser pour prouver votre bonté.
Vous n’avez pas à diminuer votre valeur pour que l’on accepte vos dons.
La générosité est noble — mais ce sont les limites qui préservent sa dignité.
S’ils ne peuvent pas honorer ce que vous offrez,
laissez-les payer pour ce qu’ils cherchent.
Qu’ils apprennent le prix de ce qu’ils consommaient sans conscience.
Et que votre générosité reste une lumière —
non pas un fardeau,
ni une blessure,
ni une chaîne.
Mə̂fò Nyàpgùŋ