Un poème sur l’éducation des enfants du Grassfields en Occident

Je t’ai bercé de chants aux saveurs d’antan,

Où le tam-tam bat sous le grand manguier dansant.

Je t’ai conté l’histoire des rois et des clans,

Mais ici, l’écho se perd dans le vent.

Tu grandis loin des collines brumeuses,

Loin des sentiers et des rivières heureuses.

Dans un monde où chacun vit pour soi,

Où l’enfant discute et défie la loi.

Ta langue natale, tu la fuis sans un bruit,

Préférant l’anglais, la langue du pays.

Mais dans ma voix, quand je t’appelle,

C’est l’Afrique qui chante, c’est le village fidèle.

Tu ris aux danses du Ndop et du Kaba,

Tu trouves étranges nos fêtes, nos sagas.

Pourtant, dans tes veines, coule un feu ancien,

Un sang de guerrier, un sang de gardien.

Quand je te parle du respect et des aînés,

Tu me regardes, ton esprit troublé.

Ici, les enfants tutoient sans souci,

Là-bas, ils s’inclinent devant la vie.

Je vois dans tes yeux deux mondes en combat,

Celui de l’exil, celui de là-bas.

Mais souviens-toi, mon fils, ma fille,

Que l’arbre n’oublie jamais sa racine fragile.

Un jour viendra, porté par le vent,

Où ton cœur entendra l’appel du temps.

Et quand sous un baobab tu marcheras,

C’est ton âme africaine qui s’éveillera.

Tu es d’ici, tu es de là-bas,

Deux terres en toi, un même éclat.

Mə̂fò Nyàpgùŋ Dr. Madiesse Kom

Ce poème fait partie d’un recueil.

About Author
Mə̂fò Nyàpgùŋ

Docteure en leadership organisationnel, éducatrice, poétesse, traductrice et militante des droits humains. Je dirige des projets autour de la mémoire collective, de l’engagement citoyen, de l’éducation multilingue et de la voix des femmes africaines dans l’espace public.

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