Introduction
L’actualité politique au Cameroun a récemment remis en lumière une réalité longtemps refoulée mais omniprésente dans la vie politique et sociale du pays : la haine tribale, spécialement dirigée contre la communauté Bamiléké. Le rejet de la candidature de Maurice Kamto à la présidentielle d’octobre 2025, dans des conditions aussi controversées que brutales, a agi comme un électrochoc. Il ne s’agit plus simplement d’une lutte de pouvoir, mais d’une stratégie systématique d’exclusion fondée sur des critères identitaires.
1. Une exclusion politique systématique et programmée
Le refus d’enregistrer la candidature de Maurice Kamto, officiellement pour des raisons de double investiture, cache mal une volonté évidente d’empêcher un homme perçu comme une menace sérieuse au pouvoir en place. La virulence des mots utilisés par les défenseurs du régime, la violence institutionnelle, les détournements juridiques et les menaces à peine voilées confirment une politique d’exclusion visant non seulement un homme, mais toute une communauté.
2. Le tribalisme comme outil de gouvernement
Depuis les années 1990, le tribalisme est entretenu comme un mécanisme de division et de conservation du pouvoir. La communauté Bamiléké, très dynamique sur les plans économiques et intellectuels, a toujours été tenue à l’écart des postes stratégiques. Une liste impressionnante de postes de souveraineté où aucun Bamiléké n’est autorisé à siéger circule sur les réseaux sociaux, confirmant une discrimination d’État.
Les arrestations ciblées, la manipulation des candidatures (comme dans le cas du MANIDEM et de l’affaire Yebga), l’usage de l’administration pour fausser les données officielles, tout cela participe à une même logique : faire des Bamilékés des citoyens de seconde zone.
3. Le rôle des institutions dans la perpétuation de cette haine
Le Conseil Constitutionnel, loin d’être un arbitre impartial, a été le théâtre d’un véritable mépris public. Le refus d’accorder la parole à Maurice Kamto lors de la séance du 5 août, alors même qu’il soulevait un incident grave (la présence d’une arme à feu dans la salle), relève d’un abus de pouvoir manifeste. Plus grave encore, l’absence de réaction de la communauté internationale, en particulier de la France et des États-Unis, révèle l’hypocrisie des partenaires internationaux.
Encadré – Ce qu’en disent des amis américains
“If the rules don’t apply equally to everyone, then what you have isn’t democracy — it’s discrimination in disguise.”
– Un professeur de droit comparé à Georgetown
“You can’t expect foreign investors or tourists to take a country seriously when justice is arbitrary, and peaceful candidates are silenced. We’re not putting dollars into dysfunction.”
– Un consultant en investissements pour marchés émergents
“If I were Cameroonian, I’d be terrified. As an American, I am ashamed that my government remains silent while democracy is trampled underfoot.”
– Une militante afro-américaine des droits civiques
Un climat qui freine le tourisme et l’investissement
- Injustice institutionnalisée : L’exclusion de candidats populaires, le refus de laisser s’exprimer des figures d’opposition comme Maurice Kamto, et les arrestations ciblées entachent profondément l’image du Cameroun à l’international.
- Insécurité politique : La peur d’un soulèvement populaire, l’usage de la répression pour étouffer les voix dissidentes, et la violence verbale et physique dans les institutions créent un climat instable, peu propice au tourisme ou aux affaires.
- Risque réputationnel élevé : Les entreprises étrangères, particulièrement celles engagées dans l’ESG (environnement, social, gouvernance), évitent désormais les pays où la démocratie est bafouée et où des accusations de discrimination ethnique entachent les institutions.
4. Une haine ancienne, un mépris codifié
La mémoire collective Bamiléké est marquée par les stigmates de la répression, des massacres des années 50-70 et d’une marginalisation persistante. Les différences de traitement dans les concours, l’accès à la fonction publique, les infrastructures, en sont la preuve. À l’Ouest, les péages pullulent, les routes sont délaissées, et les promesses de développement sont sans cesse repoussées. Les locaux dans leur dynamisme, très souvent prennent en charge les projets de développement.
5. Quelles leçons pour l’avenir ?
Refuser de nommer le mal, c’est le renforcer. Il est urgent que les Camerounais, toutes ethnies confondues, s’interrogent sur la trajectoire de leur pays. La haine tribaliste est une impasse. La politique ne peut continuer à être une affaire d’exclusion, où la citoyenneté est conditionnée par l’origine ethnique.
Le combat pour la justice, la démocratie et l’égalité doit être mené collectivement. Il ne s’agit pas d’être Bamiléké, Beti, Haoussa ou Douala, il s’agit d’être Camerounais.
Conclusion
Ce qui est en jeu dépasse le cas Kamto. C’est l’âme même du Cameroun qui est en danger. Tant que le tribalisme continuera à servir de colonne vertébrale à la gouvernance, il n’y aura ni justice, ni paix, ni avenir. Il appartient aux citoyens, à la diaspora, aux jeunes, de briser ce cycle mortifère.
Voix Plurielles se tient aux côtés de toutes les voix muselées, invisibilisées et discriminées. L’heure n’est plus au silence. Elle est à la résistance. Le changement viendra, mais il devra être réclamé haut et fort.



