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Cameroun 2025 : urnes contestées, institutions contestées

Le moment politique

Le 12 octobre 2025, l’opposant Issa Tchiroma Bakary s’est proclamé vainqueur et a appelé Paul Biya à reconnaître sa défaite. Les autorités rappellent que seul le Conseil constitutionnel peut proclamer les résultats. L’annonce officielle est attendue d’ici la fin d’octobre (date annoncée autour du 23–26 octobre selon les sources). Africa24 TV+3Reuters+3Al Jazeera+3

Terrain & tensions

Dans plusieurs villes (Douala, Dschang…), des rassemblements dénonçant la fraude et réclamant la publication des procès-verbaux (PV) ont été signalés. À Dschang, le siège local du RDPC a été incendié, ce qui a ravivé les tensions. Des interpellations ont suivi. AP News

Deux récits qui s’affrontent

Institutions, crédibilité, et biais perçu

Le Conseil constitutionnel concentre les critiques récurrentes de partialité et d’allégeance au système en place (composition, carrière des membres, trajectoires partisanes). Le scepticisme est alimenté par l’histoire électorale récente et la barre mise très haut pour la preuve de fraude systémique. Plusieurs recours ont été déposés ; Tchiroma n’en fait pas partie, disant ne pas reconnaître la fiabilité de la chaîne de totalisation. Le Monde.fr

Pourquoi cette séquence est différente

  1. Un challenger venu du sérail : ancien porte-parole du gouvernement, Tchiroma a rompu avec Biya et présente un agenda de rupture (réconciliation nationale, prisonniers politiques, débat fédéral). Son retournement biographique donne du poids à son récit auprès d’une partie de l’opinion. Reuters
  2. Fatigue du statu quo : après 43 ans de pouvoir, la demande de changement est palpable, y compris chez des segments inattendus (jeunes, forces de sécurité, Nord). Financial Times
  3. La bataille de l’info : réseaux sociaux, “fuites” de PV, vidéos de dépouillement — mais aussi intox et visuels trompeurs — rendent la vérification plus cruciale et plus difficile. AP News

Ce que l’on sait / ce qu’on ne sait pas (encore)

Les scénarios à court terme

  1. Validation du statu quo : confirmation de Biya par le Conseil constitutionnel ; contestations limitées ou contenues.
  2. Contentieux élargi : dossiers de PV, témoignages, vidéos ; pression nationale/internationale pour audits ciblés.
  3. Compromis politique : ouverture d’un canal de désescalade (garanties sur réformes, libérations, calendrier).
    Ces trajectoires dépendront du niveau de transparence (accès aux PV, traçabilité de la totalisation) et de la tenue des forces de l’ordre.

Recommandations (ligne éditoriale Voix-Plurielles)

Conclusion

Le cœur de la crise n’est pas seulement qui a gagné, mais qui compte — et comment. Tant que la chaîne de totalisation restera opaque et que l’arbitre ultime sera perçu comme juge et partie, la parole du peuple restera disputée. L’éthique démocratique impose une publication exhaustive et vérifiable des PV, la sécurisation des témoins et un examen contradictoire des contentieux. Sans cela, quel que soit le verdict officiel, la confiance ne suivra pas.


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