Quand les confidences d’Hawa dévoilent ce que tout le monde soupçonne
Depuis quelques jours, une sĂ©rie d’audios publiĂ©es par Adja Hawa, qui se prĂ©sente tantĂ´t comme la belle-fille, tantĂ´t comme l’ex-belle-fille du prĂ©sident Paul Biya, a enflammĂ© les rĂ©seaux sociaux. Dans un ton Ă la fois dĂ©sinvolte et provocateur, elle y raconte les coulisses du pouvoir camerounais : nominations sur recommandation familiale, concours publics attribuĂ©s sur ordre, faveurs distribuĂ©es selon des critères de loyautĂ©, et non de mĂ©rite.
Mais ce qui pourrait n’être qu’un fait divers ou une sortie isolée révèle en réalité une vérité systémique que vivent des millions de Camerounais depuis des décennies : l’État est devenu un patrimoine familial, où l’accès aux postes de responsabilité passe par des relations informelles, et non par la compétence ou l’engagement républicain.
Le pouvoir par-delĂ les institutions
Ce que les propos d’Hawa décrivent — avec autant d’arrogance que de franchise — n’est pas un scandale nouveau. Il s’agit d’un système néo-patrimonial bien ancré, où:
- Les membres de la “famille présidentielle” influencent les nominations, les orientations politiques et même les résultats des concours publics.
- La “réussite” dépend du carnet d’adresses plus que des diplômes.
- L’État est géré comme un bien privé, réservé à un cercle fermé.
Cela correspond tristement à ce que la majorité des citoyens dénoncent : injustices structurelles, clientélisme, corruption, favoritisme, et verrouillage du système politique.
Des institutions en façade, un pouvoir parallèle en coulisse
Le Cameroun est officiellement une république démocratique. Mais derrière les apparences:
- Les décisions majeures se prennent dans l’informel.
- Les femmes puissantes de l’ombre — mères, épouses, belles-filles — tiennent parfois plus de pouvoir que des ministres.
- La « légitimité » s’obtient par la proximité avec la famille du président, et non par le vote populaire.
Ce déséquilibre jette une lumière crue sur la marginalisation des citoyen·nes, en particulier des femmes, des jeunes, et de toutes les personnes sans “parrain politique”.
Qui gouverne le Cameroun ? Et depuis quand ?
La question devient urgente. Alors que le président Paul Biya est âgé de 92 ans, et que les appels à l’alternance se multiplient, la gestion du pouvoir semble entre les mains de réseaux opaques, familiaux, affairistes.
Ce n’est plus seulement une affaire d’injustice : c’est une crise démocratique majeure.
Ce que cela exige de nous
Les Camerounais·es ne doivent pas se contenter d’indignation. Il s’agit:
- De documenter ces pratiques, les analyser, les déconstruire.
- De mettre fin au mythe d’un pouvoir absolu et familial, qui se transmettrait de père en fils, ou de belle-fille en épouse.
- De réaffirmer la primauté du droit, de l’égalité des chances, et de la compétence dans la gestion des affaires publiques.
Voix Plurielles appelle Ă la vigilance citoyenne
La voix d’Hawa n’est qu’un révélateur. Ce que nous devons amplifier, c’est la voix du peuple camerounais, celle des femmes marginalisées, des jeunes méprisé·es, des fonctionnaires compétent·es invisibilisé·es, des citoyen·nes épuisé·es par un système qui les exclut.
Ce texte s’inscrit dans notre engagement à défendre les voix invisibilisées, à dénoncer les logiques patriarcales et clientélistes, et à ouvrir des espaces d’analyse critique pour penser l’avenir autrement.