Par Voix Plurielles
« C’est moi, le ministre de l’Administration territoriale, qui ai cautionné cette alliance entre Cabral Libii et le PCRN. »
Ces mots, prononcés sans détour par Paul Atanga Nji, ne sont pas une simple anecdote de coulisses politiques. Ils constituent un aveu d’ingérence institutionnalisée, une mise à nu du système politique camerounais et de ses artifices. Dans tout État démocratique digne de ce nom, l’opposition est autonome, libre, et protégée. Au Cameroun, elle est tolérée, parfois construite, souvent détournée.
🎠Une opposition sous tutelle : théâtre ou trahison ?
Quand le ministre chargé de garantir la régularité du jeu politique affirme publiquement qu’il a personnellement « facilité » l’entrée de Cabral Libii dans un parti politique, il ne parle plus d’administration, mais de paternalisme politique. Cela signifie, sans détour :
- Qu’un opposant « autonome » n’a pu exister qu’avec l’onction du pouvoir.
- Que les règles du jeu démocratique ne sont pas les mêmes pour tous.
- Que l’opposition, au lieu d’être un contre-pouvoir, devient un instrument de légitimation du régime.
🧨 Le paradoxe Cabral Libii : fabriqué pour diviser ?
Pendant des années, de nombreux jeunes Camerounais ont placé leurs espoirs en Cabral Libii, le voyant comme une figure montante, un souffle neuf, un visage jeune pour un pays sclérosé par une gérontocratie éternelle. Mais à force de critiquer davantage les autres opposants que le pouvoir en place, de se positionner comme un « contre-Kamto » plutôt qu’un contre-régime, Cabral a semé le doute.
Aujourd’hui, les déclarations du MINAT lèvent le voile : l’opposition light, autorisée et encadrée par le pouvoir, a ses préférés, ses projets, ses pantins peut-être. Et le peuple en paie le prix.
🧠Un électorat jeune, lucide, mais trahi
Les jeunes camerounais — qui représentent plus de 75 % de la population — vivent dans un pays :
- Où les concours sont truqués ou réservés à une élite clientéliste,
- Où le chômage des diplômés atteint des sommets,
- Où le mérite est puni et la soumission récompensée,
- Où l’expression démocratique est criminalisée.
Face à ce marasme, ils s’étaient raccrochés à l’image d’un jeune leader comme Cabral Libii. Mais aujourd’hui, ils découvrent que leur espoir a peut-être été instrumentalisé, que la rupture promise n’était qu’un recyclage stratégique.
🛑 Peut-on encore parler de démocratie ?
Quand le même régime :
- fabrique ses propres opposants,
- décide qui peut ou non concourir,
- mobilise son administration contre des candidatures sérieuses comme celle de Maurice Kamto,
- et intervient ouvertement dans la vie interne des partis politiques,
alors il ne s’agit plus de démocratie, mais d’un simulacre, d’une démocratie d’apparat.
🔥 Et maintenant, que faire ?
La vérité est dure mais nécessaire : le Cameroun ne changera pas sans une rupture claire d’avec les pratiques de confiscation du pouvoir. Il ne s’agit pas de remplacer un masque par un autre, un jeune parrainé par un vieux régime, mais de refonder l’État sur des bases de justice, de transparence et de souveraineté populaire réelle.
Et cela commence par refuser les faux choix, dénoncer les oppositions alibis, et surtout s’organiser, s’informer, s’élever.
« Voix Plurielles » continuera de porter ces vérités, même quand elles dérangent, parce qu’elles seules peuvent éclairer la voie de l’émancipation.
📣 La jeunesse mérite mieux. Le Cameroun mérite la vérité.
« Pour le cas du PCRN, je vous dis peut-être que vous ne le savez pas, c’est moi, le ministre de l’Administration territoriale, qui ai cautionné cette alliance entre Cabral Libii et le PCRN. C’est moi, parce qu’à l’approche des élections législatives et municipales, M. Cabral Libii n’avait pas de parti politique.
Alors, quand il est venu me voir, j’aurais pu refuser s’il y avait eu quelque chose contre lui. Je vous le dis clairement : j’aurais pu lui dire d’aller se débrouiller. À ce moment-là , il ne disposait d’aucun appareil politique. À l’élection présidentielle, il était avec un autre parti, mais arrivé aux législatives et municipales, il n’en avait plus.
Donc, moi, en tant que tutelle des partis politiques, pour faciliter les choses à M. Cabral Libii, j’ai cautionné son entrée dans un parti qui avait été créé par quelqu’un d’autre.
En réalité, le gouvernement n’a pas d’opposants qu’il préfère ni d’autres qu’il rejette. Le principe, c’est que lorsqu’il y a un gentleman agreement, il faut le respecter.
Et puis, vous savez, malgré le fait qu’il y ait eu appel et exécution de certaines décisions, lorsqu’il est allé déposer ses documents, est-ce que nous avons fait obstruction ? On aurait pu le faire. Mais non. C’est pour vous montrer que nous n’avons pas d’opposants de préférence. Nous faisons simplement le travail de la légalité.
Quand il y a des contestations au sein des partis politiques, les gens reviennent vers nous pour arbitrage.
N’oubliez pas que c’est le MINAT qui détient l’ADN des partis politiques. C’est le MINAT qui garde les actes de naissance des partis politiques. Tout cela se trouve au ministère de l’Administration territoriale, à la direction des affaires politiques.
Donc, lorsqu’il y a un contentieux, les gens doivent se référer à nous. Et pour que la bonne information circule depuis la bonne source, il faut s’adresser à la personne qui détient l’ADN et les actes de naissance des partis politiques.
Je crois que je me fais bien comprendre. »
Atanga Nji, dimanche le 20 Juillet 2025 Sur CRTV Actualite Hebdo



