Par Voix Plurielles

Alors que le régime de Paul Biya entame sa 43ᵉ année de règne, de nouvelles élections présidentielles se profilent dans un climat de répression, de manipulations juridiques et de désinformation massive. Pourtant, au-delà de l’autocratie nationale, se cache une vérité moins visible mais tout aussi destructrice : les puissances étrangères qui protègent et alimentent cette tyrannie pour préserver leurs intérêts.

Dans ce théâtre bien huilé, les rôles sont distribués : un peuple opprimé, une élite inféodée, une opposition divisée… et des puissances étrangères silencieuses quand il faut, complices quand cela arrange.
Mais comment lutter contre cette alliance toxique entre dictature et néocolonialisme ?

I. Refaire Nation autour d’un front crédible

Il ne suffit pas de dénoncer l’ingérence étrangère. Encore faut-il bâtir une opposition intérieure forte, unifiée et visionnaire. Les Camerounais épris de changement doivent dépasser les clivages politiques, ethniques ou personnels pour forger un front citoyen de libération.

La jeunesse doit être mobilisée non par le désespoir, mais par un projet. Une conférence nationale citoyenne, appuyée par la société civile et la diaspora, doit définir une feuille de route claire pour la transition, fondée sur la justice sociale, la souveraineté et la mémoire historique.

II. La diaspora, une armée de l’ombre à réveiller

Des millions de Camerounais vivent à l’étranger. Ce n’est pas une faiblesse, c’est une opportunité géopolitique. Il est temps de faire de la diaspora un outil de plaidoyer, de veille et de financement de la résistance.

Des cellules de lobbying peuvent être constituées dans les capitales occidentales pour alerter les parlements, les ONG, les médias internationaux sur les réalités du Cameroun et les complicités étrangères.

De même, une banque citoyenne de la diaspora pourrait financer l’alternance, soutenir les prisonniers politiques, et permettre aux médias libres de survivre.

III. Nommer les complices étrangers, créer le coût de leur silence

Les oppresseurs ne règnent jamais seuls. Le régime Biya est soutenu par des réseaux d’intérêts étrangers entreprises, diplomates, multinationales, conseillers de l’ombre.

Il faut nommer ces acteurs : TotalÉnergies, Bolloré, Orange, les cabinets de lobbying français ou israéliens, les militaires formateurs, etc.
Il faut documenter leur rôle dans la répression, la désinformation, ou le pillage des ressources.

Et surtout, créer un coût politique et médiatique à leur silence ou leur complicité : campagnes de “naming and shaming”, boycott, désinvestissements, pressions juridiques.

IV. Le numérique comme arme de contre-propagande

Dans une guerre d’opinion, les réseaux sociaux sont des champs de bataille. Il faut occuper l’espace numérique, y détruire les récits imposés par le pouvoir, et y diffuser les voix dissidentes, les vérités occultées, les visages de la souffrance et de la résistance.

Des campagnes virales (#FreeCameroon, #DictatureDévoilée, etc.) doivent émerger. Des vidéos, des poèmes, des appels citoyens doivent toucher la conscience collective — non seulement camerounaise, mais internationale.

V. Résister, c’est aussi bâtir

On ne renverse pas un régime durablement si on ne propose rien en face. La révolution ne se limite pas à la colère : elle exige une alternative.

Le peuple camerounais doit porter un projet d’État décentralisé, de justice réparatrice, d’économie équitable, de mémoire assumée.
C’est ainsi qu’on détruit les dictatures : en montrant que le rêve est plus fort que la peur.

Conclusion : La fin des impunités, le début des peuples

La lutte camerounaise est double : contre une dictature interne, mais aussi contre les parrains étrangers qui la maintiennent sous perfusion.

Le monde doit comprendre que soutenir Biya, c’est étouffer l’avenir d’une génération. Que rester silencieux, c’est être complice d’un régime qui tue, exile, bâillonne.

Le peuple camerounais, lui, n’a pas dit son dernier mot. Il observe, il apprend, il s’organise. Et un jour viendra où ni le trône usé, ni les pétroliers arrogants, ni les lobbyistes cyniques ne pourront contenir la marée de justice qui s’élèvera.

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