Il est des noms qui, prononcés à voix haute, rappellent non seulement le courage, mais aussi le prix de la liberté. Ernest Ouandié est de ceux-là . Militant inflexible, instituteur devenu révolutionnaire, héros transformé en martyr par une République qu’il a pourtant rêvé de voir libre et juste, il demeure une figure centrale de la mémoire camerounaise, même si l’État continue d’esquiver son legs.
✊🏿 Un instituteur devenu porte-voix du peuple
Né en 1924 à Bana dans l’Ouest du Cameroun, Ernest Ouandié embrasse d’abord la voie de l’enseignement. Mais très vite, il comprend que l’école coloniale ne suffira pas à émanciper son peuple. Influencé par les idées anticolonialistes qui agitent l’Afrique et le monde dans les années 1940–50, il rejoint l’Union des Populations du Cameroun (UPC), parti politique révolutionnaire qui réclame l’indépendance immédiate et la réunification des deux Cameroun.
Aux côtés de figures comme Ruben Um Nyobè et Félix-Roland Moumié, Ouandié devient un pilier de cette lutte, dénonçant le système colonial français et ses relais locaux. En 1955, après la répression féroce contre l’UPC, le parti est contraint à la clandestinité. Commence alors une guerre invisible, faite de maquis, d’exil, de trahisons et de résistances.
🕯 Le dernier des irréductibles
Après l’assassinat de Moumié (empoisonné à Genève en 1960), Ouandié devient le dernier chef historique encore en vie de l’UPC maquisard. Refusant l’exil, il retourne clandestinement au Cameroun pour continuer la lutte, devenant une ombre insaisissable dans les montagnes de l’Ouest.
Mais en 1970, affaibli, traqué, trahi, il est capturé par le régime d’Ahmadou Ahidjo. Son procès est un simulacre. Le verdict est déjà scellé. Le 15 janvier 1971, à 46 ans, il est fusillé publiquement à Bafoussam. Son corps est enseveli dans une tombe anonyme, sa mémoire étouffée pendant des décennies.
🕊 Une mémoire qu’on ne peut effacer
Pourtant, malgré le silence officiel, Ernest Ouandié vit encore. Dans les chants de deuil des anciens maquisards, dans les souvenirs murmurés des familles, dans les noms donnés en cachette à des enfants. Il vit dans les rues de Douala ou de Yaoundé où l’on exige que son nom figure au Panthéon des héros. Il vit dans la voix des jeunes Camerounais qui réclament aujourd’hui une relecture honnête de l’histoire nationale.
Car rendre hommage à Ouandié, c’est reconnaître que l’indépendance du Cameroun ne s’est pas gagnée autour d’une table diplomatique, mais dans le sang, la forêt, l’exil et la trahison. C’est regarder l’histoire en face et y trouver les racines d’une justice à construire.
📌 Pour ne jamais oublier
Ernest Ouandié n’est pas qu’un nom figé dans les archives : il est un appel. Un rappel que la dignité, la justice et la liberté se paient parfois du prix le plus élevé. Il nous oblige à interroger notre présent : qui sont aujourd’hui les Ouandié ? Où sont les voix libres, les esprits résistants, les rêveurs d’un Cameroun meilleur ?
📣 Reprendre la mémoire, construire l’avenir
👉🏾 Nous ne pouvons plus laisser notre histoire entre les mains de l’oubli.
👉🏾 Nous ne pouvons pas prétendre bâtir le futur si nous piétinons les fondations de notre passé.
👉🏾 Partagez cet article. Parlez de Ouandié dans vos cercles. Enseignez-le à vos enfants. Exigez qu’il figure dans les manuels scolaires. Créez, écrivez, documentez.
🗣 Ernest Ouandié a donné sa vie pour la liberté. Que faisons-nous de cet héritage ?
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« Mourir pour la patrie n’est pas une défaite, c’est une semence. »
— Voix Plurielles