Alors que le monde attend des Ă©lections libres, justes et transparentes, le Cameroun offre une illustration dramatique de ce que reprĂ©sente la dĂ©rive autoritaire dans un Ătat sans sĂ©paration des pouvoirs. Lâexclusion arbitraire de Maurice Kamto, figure majeure de lâopposition, la mise Ă lâĂ©cart silencieuse de LĂ©on ThĂ©llier Onana, pourtant candidat investi du RDPC, et la militarisation croissante de lâespace public, signent le retour Ă une dictature sans masque.
âïž 1. LâĂtat de droit en lambeaux
La lettre dâELECAM du 26 juillet 2025 annonçant le rejet de la candidature du Pr. Maurice Kamto, sous prĂ©texte de « pluralitĂ© dâinvestiture » par le MANIDEM, illustre un mĂ©pris profond des droits fondamentaux et de la lĂ©gislation Ă©lectorale :
- Aucune audience contradictoire nâa Ă©tĂ© tenue ;
- L’absence de dĂ©cision motivĂ©e a dâabord Ă©tĂ© constatĂ©e, puis corrigĂ©e dans lâurgence sous la pression mĂ©diatique et juridique ;
- Le Conseil Constitutionnel, censĂ© ĂȘtre une juridiction impartiale, reste silencieux malgrĂ© les multiples contentieux.
Cette situation dĂ©montre lâeffondrement de la sĂ©paration des pouvoirs au Cameroun. LâexĂ©cutif (Biya et son gouvernement) contrĂŽle les organes judiciaires, administratifs et sĂ©curitaires. Le MINAT (ministĂšre de lâAdministration territoriale) se comporte comme propriĂ©taire de lâidentitĂ© des partis politiques, comme en tĂ©moigne publiquement Paul Atanga Nji, confirmant quâil a lui-mĂȘme « cautionnĂ© lâentrĂ©e » de Cabral Libii au PCRN.
đ„ 2. Militarisation et harcĂšlement des opposants
Depuis le 26 juillet, les villes de Yaoundé et Douala sont lourdement militarisées. Des forces de sécurité quadrillent les rues, créant un climat de peur :
- Ă Douala, Anicet Ekane, prĂ©sident du MANIDEM, a vu son siĂšge encerclĂ© par la gendarmerie, dans ce qui sâapparente Ă une intimidation politique flagrante.
- Des arrestations arbitraires, des contrĂŽles ciblĂ©s et des menaces pĂšsent sur les militants de lâopposition et de la sociĂ©tĂ© civile.
Cette posture autoritaire cherche à étouffer toute contestation populaire ou mobilisation citoyenne contre un processus électoral visiblement verrouillé.
đ 3. Le simulacre de pluralisme politique
Le régime tente de maquiller son autoritarisme derriÚre un rideau de pluralisme :
- Il y avait plus de 80 candidatures enregistrĂ©es Ă ELECAM, mais seulement les candidatures gĂȘnantes sont ciblĂ©es ;
- Deux candidatures issues du RDPC ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es (Paul Biya et LĂ©on Onana), ce qui, selon la jurisprudence UPC, rend les deux invalides â mais seule celle de Kamto pose problĂšme ;
- Lâobjectif est clair : fragmenter lâopposition, dĂ©sorienter lâĂ©lectorat, puis proclamer la victoire dâun pouvoir usĂ© Ă plus de 92 ans.
đ 4. Silence complice des puissances Ă©trangĂšres
Alors que la situation dĂ©gĂ©nĂšre, les chancelleries occidentales, notamment les ambassades des Ătats-Unis et de France, se contentent de communiquĂ©s vagues appelant Ă la transparence :
- Pourtant, les preuves de fraudes Ă venir, de censure, de parti-pris des institutions et de rĂ©pression violente s’accumulent.
- Lâambivalence des partenaires internationaux â qui vantent la dĂ©mocratie tout en continuant Ă coopĂ©rer Ă©troitement avec le rĂ©gime de Biya â conforte ce dernier dans son impunitĂ©.
đ§ Conclusion : vers une dĂ©mocratie confisquĂ©e
Le Cameroun, en 2025, ne vit pas une Ă©lection. Il traverse une crise de rĂ©gime. Un rĂ©gime oĂč :
- Le prĂ©sident nâa pas convoquĂ© de conseil de ministres depuis 14 ans ;
- Quatre ministres sont dĂ©cĂ©dĂ©s sans ĂȘtre remplacĂ©s ;
- Les institutions servent de paravent à une dictature personnalisée ;
- Et le peuple, particuliÚrement la jeunesse, est trahi et bùillonné.
đŁ Appel de Voix Plurielles
Nous appelons :
- Les citoyen·nes camerounais·es à documenter, observer, refuser la peur et la manipulation ;
- La presse libre à dénoncer sans relùche les abus et à offrir un espace aux voix étouffées ;
- La communautĂ© internationale Ă cesser lâhypocrisie et exiger des conditions claires pour tout appui Ă©lectoral ;
- Les oppositions réelles à se coaliser, résister et porter la voix du peuple spolié.
Car le peuple camerounais nâa pas besoin dâun sauveur, mais du respect de son droit souverain Ă choisir.



