À quelques mois de la présidentielle du 12 octobre 2025, le climat politique camerounais s’assombrit encore un peu plus. Le régime en place, dirigé par Paul Biya, 92 ans, enchaîne les signaux d’alerte : nomination de dix nouveaux généraux, remise symbolique de 40 millions FCFA par de jeunes partisans à Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence, pour financer la candidature du chef de l’État, discours muselés, cartes d’électeurs non distribuées, et verrouillage des institutions.
Que reste-t-il de la démocratie lorsque le vote semble encadré par les galons et l’argent ?
🛡️ Une militarisation à peine voilée du processus électoral
Deux jours seulement après avoir officialisé sa candidature, Paul Biya signe la nomination de dix généraux. Dans un pays où l’armée est au cœur de la gestion des crises politiques, sociales et électorales, cette décision est loin d’être neutre. Elle résonne comme un message silencieux, mais clair : la fidélité militaire prime sur la volonté populaire.
Le but est triple :
- Sécuriser son pouvoir vieillissant dans un contexte d’incertitude ;
- Renforcer la loyauté d’un appareil sécuritaire crucial en cas de soulèvement ;
- Dissuader l’opposition, la jeunesse et la société civile de toute contestation.
🎠Théâtre politique ou offrande patriotique ? Le panier à 40 millions
Le 17 juillet 2025, un groupe de jeunes Camerounais remet un panier contenant 40 millions de francs CFA au Secrétaire général de la Présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, pour « aider à payer la caution de Biya et soutenir sa campagne ».
Dans un pays où les hôpitaux manquent de matériel, où des enseignants manifestent pour leurs salaires impayés, où l’exode des jeunes diplômés est devenu chronique, cette scène relève de l’absurde politique. Est-ce le patriotisme sincère ou une mascarade orchestrée ? D’où vient l’argent ? Que révèle cette scène sur la déconnexion entre le sommet et la base ?
⚖️ Entre promesses de stabilité et répression programmée
Ce ballet politique et militaire semble orchestré pour verrouiller l’échéance électorale avant même qu’elle n’ait lieu :
- L’absence de débat démocratique ;
- La manipulation émotionnelle de la jeunesse ;
- Le recours systématique à l’appareil sécuritaire ;
- La criminalisation des opposants et des manifestations.
Tout indique un régime qui se prépare à la force, non à la transparence. Une démocratie ne se construit pas sur le silence des urnes, mais sur la clarté des choix.
📢 Ce que le peuple doit savoir et faire
La vigilance citoyenne est une nécessité vitale. Face à ce déploiement d’autorité, le silence est une forme de complicité. C’est au peuple — jeunes, femmes, travailleurs, exilés, ruraux, militants — de veiller à l’intégrité du processus électoral, à la vérité du bulletin et à la dignité collective.
Ă€ faire :
- S’informer sur ses droits électoraux ;
- Documenter les fraudes et intimidations ;
- Rejeter les achats de conscience ;
- Soutenir les observateurs électoraux indépendants ;
- Encourager des candidatures crédibles et éthiques.
❓Questions pour nourrir la réflexion
- Une élection sous l’ombre des généraux peut-elle être libre ?
- Quel avenir pour une jeunesse qui finance l’oppression ?
- La démocratie camerounaise est-elle un droit ou une illusion soigneusement administrée ?
- Peut-on parler d’alternance lorsque tout l’appareil d’État est mobilisé pour un seul homme ?
✊🏾 Appel à l’action
Camerounais·es, la démocratie ne s’implore pas — elle se construit.
Elle ne se protège pas par les armes — mais par la conscience collective.
Faites entendre votre voix. Protégez votre vote. Refusez la manipulation.



