Par Voix Plurielles
“Une justice qui ne sert pas le peuple devient le prolongement de l’oppression.”
Le 4 août 2025 restera, pour celles et ceux qui ont assisté à l’audience du Conseil constitutionnel, comme une journée où le droit a côtoyé l’absurde et où l’institution censée garantir la Constitution s’est transformée, aux yeux de nombreux observateurs, en un théâtre politique.
Une audience sous tension : droit ou mise en scène ?
Le motif officiel du rejet de la candidature de Maurice Kamto par ELECAM reste la désormais célèbre “pluralité d’investiture”. Mais l’audience devant le Conseil constitutionnel a exposé un autre visage :
- Un avocat d’ELECAM manquant ouvertement de respect au candidat du MANIDEM en le traitant de “pauvre Kamto”.
- Un président du Conseil constitutionnel, Clément Atangana, refusant sèchement la parole à Kamto, allant jusqu’à ignorer une alerte de sécurité concernant la présence armée d’un magistrat du MINAT dans la salle.
Ce refus d’entendre un justiciable sur un incident grave en pleine audience a renforcé l’idée que la sérénité et l’impartialité des débats étaient compromises.
Le dossier Kamto : entre droit et “sorcellerie” politique
Les avocats de Maurice Kamto ont pointé des incohérences majeures :
- En 2020, Anicet Ekane signe l’investiture du MANIDEM.
- De 2020 à 2025, le MINAT continue de verser les subventions publiques au MANIDEM au nom d’Anicet Ekane comme président légitime.
- Mais soudainement, en juillet 2025, à quelques jours de la présidentielle, le site du MINAT est modifié, remplaçant Ekane par Yebga comme président.
Comment justifier ce revirement alors que les actes administratifs et financiers officiels désignent encore Ekane comme président ?
Pour les avocats, s’il existe des documents désignant Yebga depuis 2021, ils ne peuvent être que des faux administratifs.
Conseil constitutionnel : juger selon le droit ou l’ordre politique ?
Juridiquement, la candidature de Kamto repose sur un dossier solide.
Politiquement, elle dérange.
La question que tout le monde se pose est simple : le Conseil tranchera-t-il selon le droit… ou selon les impératifs du régime ? En mettant l’affaire en délibéré jusqu’au 5 août à 15h, le Conseil a laissé planer l’incertitude. L’attente ressemble moins à une délibération juridique qu’à un calcul politique.
Et la communauté internationale ?
Pendant que la scène politique camerounaise se transforme en champ clos de manœuvres juridiques et politiques, la France et les États-Unis observent… en silence.
Un silence qui interroge et alimente la conviction, chez beaucoup de jeunes Camerounais, que les puissances étrangères sont prêtes à tolérer l’injustice si leurs intérêts économiques et stratégiques sont préservés. Ce mutisme face à des irrégularités flagrantes risque de miner davantage la crédibilité des appels occidentaux à la démocratie et aux droits humains.
Jeunesse camerounaise : peut-on encore croire en la justice ?
La jeunesse, déjà désabusée par quatre décennies de promesses non tenues, regarde cette séquence avec colère et amertume.
Peut-elle encore croire en :
- Une justice indépendante ?
- Des élections libres ?
- Une démocratie réelle ?
L’espoir vacille. Et lorsque l’espoir s’éteint, il laisse place à un autre langage : la rue, la contestation, voire l’explosion populaire.
Appel de Voix Plurielles
Nous appelons :
- Les Camerounais à rester vigilants, informés, et à documenter chaque manœuvre politique et juridique.
- La diaspora à relayer ces faits sur les plateformes internationales et à interpeller les chancelleries étrangères.
- La communauté internationale à sortir de son mutisme complice et à exiger des conditions équitables pour le scrutin.
“La justice ne peut pas être à géométrie variable. Elle est un principe universel ou elle n’est rien.”
L’audience du Conseil constitutionnel est un test. Pas seulement pour Maurice Kamto. Pas uniquement pour le MANIDEM. C’est un test pour le Cameroun tout entier : avons-nous encore un État de droit ou seulement un État d’apparence ?

