Mon fils, ma fille,
Quand la terre pleure, écoute-la.
Ses larmes ne sont pas d’eau,
mais de mémoire et de feu.

Le Cameroun,
ce vieux tam-tam fêlé par les colons,
bat encore au rythme des ancêtres,
même quand les tambours de la peur
étouffent le chant des justes.


Je vois vos villages sans sommeil,
vos villes sans lumière,
vos voix coupées par le vent du mensonge.
Je vois les vieillards qui prient
et les jeunes qui brûlent d’un feu sans brasier.

Mais je vous le dis, enfants de Um Nyobe et de Ouandié,
aucune nuit, si longue soit-elle,
ne peut avaler le matin.


L’injustice est une bête qui mange ses propres entrailles.
Elle croit régner, mais déjà son ventre se tord
sous le poids de ses crimes.
Et quand viendra l’aube — car elle viendra —
le mensonge s’effacera comme rosée sur les herbes.


N’attendez pas que la vérité tombe du ciel.
Faites-en un pilier de terre.
Faites-en une calebasse de mots et d’actes,
portée de main en main,
jusqu’à ce que le fleuve de la justice
retrouve son lit oublié.


Ne haïssez pas.
Le venin du serpent ne doit pas être bu par le blessé.
Mais souvenez-vous.
Souvenez-vous, car la mémoire est une arme douce :
elle guérit en rappelant ce qui doit changer.


Ô Cameroun, mon enfant au front bandé de silence,
que tes fils cessent de trembler,
que tes filles cessent de pleurer en cachette.
Le ciel n’a pas tourné le dos —
il attend que vous leviez la tête.


Le jour où le peuple se lèvera ensemble,
les montagnes mêmes se mettront à prier.
Et ce jour-là,
vos larmes deviendront semence,
vos douleurs, naissance,
vos cris, chant de victoire.


Car Dieu n’abandonne jamais un peuple
qui marche vers la lumière,
même pieds nus,
même blessé.

Un poème pour le Cameroun, pour l’Afrique, pour la dignité.
Que la parole ancienne ravive le courage du présent.

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