Je suis descendu là où la mer halète,
là où les eaux battent la mémoire d’un monde en miettes.
Punta Cana — carte postale et mirage,
palmiers au garde-à-vous sur des terres
qui furent chaînes et silence.
Je suis venu non pour m’étourdir,
mais pour écouter les chants que la mer ne cesse de murmurer —
voix englouties, voix arrachées, voix debout !
Là, sur le bateau vers Saône,
j’ai senti la respiration des ancêtres
dans le roulis des vagues,
dans l’écume dressée comme une prière.
O Punta Cana !
Tu offres le rhum et le repos,
mais moi, j’ai vu
la morsure du sel sur les récits tus,
la lumière qui maquille l’Histoire.
Et moi, femme de passage,
je me fais calebasse d’écoute,
je recueille les souffles dispersés,
je sème la parole dans le sable.
Car le loisir ne m’endort pas,
il m’éveille —
à la beauté blessée du monde,
à la mémoire qui cherche encore sa peau.
Mə̂fò Nyàpgùŋ