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Lettre ouverte aux absents sous notre toit

À ceux qui partagent le lit, mais pas le poids.

Frère, compagnon, homme, écoute.
Ta présence ne se mesure pas au bruit de ta clé dans la serrure,
Ni au son de ton pas dans le couloir.
Elle se jauge dans l’ombre partagée,
Dans la parole offerte au silence d’une femme qui ploie.

Tu vis sous le même toit,
Mais tu ne vois pas les murs qui se fissurent.
Tu dors à ses côtés,
Mais tu ignores les veilles sans sommeil qu’elle endure.
Elle porte le monde sur son dos,
Pendant que tu réclames paix dans ton royaume d’indifférence.

Elle n’est pas ta mère.
Ce n’est pas à elle de ramasser tes silences,
De panser tes absences,
De bénir ta trahison sous le masque de la virilité.
Ton infidélité n’est pas un droit coutumier,
Et ton mutisme n’est pas une preuve de force.

Tu invoques la tradition quand elle t’arrange,
Et l’Occident quand tu veux fuir.
Tu te caches derrière les ancêtres,
Mais tu ignores la justice dont ils étaient les gardiens.

Elle travaille, élève vos enfants,
Multiplie les emplois,
Et efface ses larmes dans le linge qu’elle plie.
Elle se tait par honte,
Se bat par devoir,
Se meurt à petit feu dans la maison que vous avez bâtie à moitié.

Tu veux être roi ?
Sois roi dans la vérité.
Sois roi dans le respect.
Sois roi dans la protection du feu sacré,
Celui du foyer — pas seulement du toit.

Un homme debout
Ne laisse pas sa femme à genoux.
Un homme digne
Offre l’épaule avant le reproche,
La main avant le jugement,
Le regard avant le départ.

Tu veux une femme forte,
Mais tu refuses de voir qu’elle saigne pour le rester.

Alors homme, écoute encore :
L’amour n’est pas service dû,
Ni dette éternelle à rembourser.
L’amour est présence, ancrage,
Une veille partagée quand la nuit devient trop lourde.

Redeviens gardien,
Redeviens présence.
Laisse les enfants voir en toi
Non un fantôme qui rentre tard,
Mais un exemple de lumière et de tendresse.

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