Par la Rédaction | Voix Plurielles

« Le buzz ne doit pas devenir plus important que l’humain. »

Il fut un temps où la notoriété était synonyme de responsabilité. Où les artistes comprenaient que leur voix portait, et qu’elle devait, au minimum, honorer la dignité humaine. Malheureusement, à l’ère des réseaux sociaux où la vie privée devient spectacle, certains sombrent dans un narcissisme qui fait honte. Le cas de l’artiste Vanister Enama illustre parfaitement cette dérive.

Le dérapage d’un artiste

Depuis plusieurs semaines, Vanister Enama expose, de manière troublante, sa vie conjugale sur Facebook. Messages à double sens, dénigrement public de sa conjointe ou ex-conjointe, récits de disputes familiales, mise en scène de son propre fils racontant des histoires intimes : tout y passe. Il y a, dans cette démarche, une violence symbolique grave, un manque de pudeur inquiétant et une absence totale de respect pour les personnes concernées.

Pire encore, l’artiste publie une photo de son mariage traditionnel — vêtu de Ndop, tissu patrimonial sacré — en déclarant : « Le jour le plus idiot de ma vie. Je regrette. » Une insulte pour son épouse. Une humiliation pour les convives. Une profanation pour la culture. Et une gifle pour toutes celles et ceux qui, en couple ou en société, savent encore ce qu’honorer une union veut dire.

L’héritage du Ndop souillé

Le Ndop, porté lors des cérémonies traditionnelles, est un symbole de dignité, de noblesse et de mémoire. Il incarne l’engagement, la fierté culturelle, le respect des anciens et l’honneur de toute une communauté. S’en revêtir n’est pas anodin : cela engage l’individu devant ses ancêtres et la société.

Transformer un tel moment sacré en outil de moquerie personnelle, pour un buzz sur les réseaux, c’est participer à la banalisation des valeurs traditionnelles. C’est exposer nos héritages aux foules numériques sans conscience du sacré.

Célébrité ou immaturité ?

À 30 ans, et fort de sa notoriété, Vanister Enama aurait pu devenir un modèle pour la jeunesse camerounaise. Mais en instrumentalisant son enfant, en humiliant sa compagne en ligne, et en tournant en dérision un acte aussi solennel qu’un mariage coutumier, il envoie un message inquiétant : que la dérision l’emporte sur le respect, que la starmania justifie la violence émotionnelle, et que les réseaux sociaux sont au-dessus de la dignité humaine.

Quelle image renvoie-t-il aux jeunes ? Que l’amour est jetable ? Que l’intimité est un outil de marketing personnel ? Que les femmes, même mères de ses enfants, méritent d’être rabaissées en public selon l’humeur du jour ?

Une question de société

Cette affaire dépasse l’individu Vanister. Elle nous interpelle toutes et tous : jusqu’où accepterons-nous la marchandisation de nos vies privées ? À quel moment collectivement allons-nous dire NON à l’exposition systématique de l’intime pour quelques likes ? Et surtout : quand rappellera-t-on aux artistes que la célébrité est une charge morale, pas un passe-droit pour mépriser autrui ?

En guise de conclusion

À Voix-Plurielles, nous croyons qu’être homme, c’est savoir protéger ce qu’on aime. Qu’être artiste, c’est élever les consciences, pas rabaisser les gens. Que le Ndop ne se moque pas, il se respecte. Et que la parole publique, quand elle est utilisée pour humilier, devient une arme toxique qui nous abîme toutes et tous.

Il est temps de réhabiliter la retenue, la dignité et le respect dans l’espace numérique. Être célèbre ne doit jamais signifier devenir cruel. L’humiliation d’une femme ne sera jamais un acte artistique. C’est une blessure collective.

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Related Posts