Le voyage commence, une route sans fin,
où la ville s’efface, où le village revient.
Les gratte-ciels cèdent aux collines dansantes,
et la terre rouge salue nos pas impatients.
L’air s’emplit d’odeurs familières—
la pluie, le bois brûlé, le repas d’une grand-mère.
Les champs nous appellent au réveil du matin,
la pluie tambourine, un refrain sans fin.
Les pieds dans la boue, les rires s’élèvent,
les mains plongent, les récoltes se lèvent.
Le maïs, les patates, les safous trop mûrs,
cadeaux de la terre, trésors sous l’azur.
Dans la cour, la famille se presse,
les voix s’entrelacent, les cœurs se délestent.
On danse, on chante, on partage l’instant,
les querelles d’hier balayées par le vent.
Les enfants courent, les anciens sourient,
chaque regard, une promesse de vie.
Là-bas sous le manguier, un amour naît,
des regards volés, des aveux murmurés.
Mais l’amour d’été est un feu fragile,
une étoile filante, belle mais subtile.
Certains y croient, d’autres s’y perdent,
mais tous savent qu’un jour, il faudra partir.
Le soir, le feu éclaire nos visages,
les histoires d’aïeux, le poids de l’héritage.
Le ciel noir scintille, témoin éternel,
des légendes tissées sous la lueur des flammes.
La voix des anciens, un chant qui console,
un écho du passé qui danse dans nos âmes.
Puis vient l’aurore aux adieux déchirants,
les valises chargées de rires et de temps.
Les vieux nous regardent, sages et patients,
leurs yeux murmurent : « À bientôt, mes enfants. »
Les bras se serrent, les larmes perlent,
l’au revoir est doux, mais l’absence est amère.
Et quand la ville nous reprend trop vite,
le klaxon des rues, le béton qui nous invite,
nous portons en nous la terre du village,
les rires du passé, l’écho des partages.
Car partir n’est pas oublier,
le village vit en nous, à jamais gravé.
Mə̂fò Nyàpgùŋ Dr. Adelaide Madiesse-Nguela
Ce poème fait partie d’un recueil.



