La terre a ouvert sa bouche,
Et le ciel s’est tu.
Un silence lourd est tombé,
Comme une nuit sans feu.
Ô frère, ô veilleur debout sur les chemins brisés,
Toi, dont la voix porte la détresse des sans-voix,
Voici que l’ombre est venue frapper à ta porte,
Non pour te faire taire — mais pour éprouver ta lumière.
Un enfant, ton enfant,
Déposé dans les bras de sa grand-mère,
Comme on dépose une offrande au seuil de la sagesse.
Et pourtant — la fosse, béante, sans nom,
A volé le rire, a trahi la confiance,
A pris sans prévenir.
Mais écoute…
La forêt n’oublie jamais ses graines.
L’enfant n’est pas perdu — il est retourné à la source.
Dans les profondeurs du tam-tam du monde,
Sa petite voix danse encore avec les ancêtres.
Les mères du village pleurent en silence.
Les ancêtres murmurent à ton oreille :
« Ne ferme pas ton cœur, Aristide.
Pleure, mais ne désespère pas.
Crie, mais reste debout.
Car ton fils est devenu étoile.
Il veille désormais sur le combat de son père. »
Ta douleur est sacrée,
Ton chagrin, un chant que les sages reconnaissent.
Mais sache-le, ô frère de lumière :
Même l’ombre la plus dense
Ne peut éteindre le feu du juste.
Et quand viendra l’aube —
Car elle viendra —
Ton fils sera le vent dans les feuilles,
La force dans ta voix,
La paix dans ta marche.