Depuis la proclamation contestée des résultats de l’élection présidentielle du 26 octobre 2025, le Cameroun s’enfonce dans un cycle de répression violente et de chaos institutionnel. Au lieu d’apaiser, le gouvernement a choisi de répondre aux marches pacifiques par la brutalité, les armes, et la peur. Une erreur stratégique, politique et morale aux conséquences dramatiques.

 Pourquoi la violence d’État contre des citoyens non armés ?

La réponse brutale aux manifestations pacifiques révèle une logique de gouvernance profondément dysfonctionnelle :

  • Criminalisation de la contestation : Toute voix dissidente est perçue comme une menace existentielle, plutôt qu’un signal démocratique.
  • Refus du dialogue : Les autorités confondent autorité avec autoritarisme, oubliant que la stabilité ne se construit pas sur la répression, mais sur la légitimité.
  • Militarisation des crises civiles : L’usage d’armes de guerre contre des citoyens, parfois mineurs ou sans défense, relève d’un échec total de la gestion de crise.

 Qu’ont appris les administrateurs camerounais de l’histoire récente ? Rien.

  • En 2008, lors des émeutes contre la vie chère, la réponse fut déjà sanglante.
  • Depuis 2016, la crise anglophone est traitée comme un problème militaire, non politique.
  • En 2018, les contestations post-électorales ont été étouffées par la force.

 Rien n’a changé.
Les leçons ne sont ni tirées, ni enseignées, ni appliquées.

Gestion de crise : ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter

 DOs – Ce qu’un gouvernement responsable doit faire en situation de crise :

  1. Écouter activement : Entendre les doléances du peuple, sans mépris ni arrogance.
  2. Protéger la liberté d’expression : Autoriser les manifestations pacifiques encadrées.
  3. Communiquer avec transparence : Informer régulièrement, éviter la désinformation ou les silences institutionnels.
  4. Faire appel à des médiateurs crédibles : Religieux, société civile, anciens chefs d’État, etc.
  5. Lancer un processus de désescalade : Appels au calme, enquêtes indépendantes, gestes d’apaisement (libérations, dialogues publics).
  6. Renforcer l’État de droit : Punir les excès, même dans les rangs des forces de sécurité.

 DON’Ts – Ce qu’il ne faut jamais faire en situation de tension nationale :

  1. Réprimer dans le sang : Tirer sur des manifestants, c’est enterrer la légitimité du pouvoir.
  2. Couper internet et les réseaux : Cela crée la peur, favorise les rumeurs, et isole le pays.
  3. User de la terreur psychologique : Patrouilles nocturnes, arrestations ciblées, menaces publiques.
  4. Ignorer les appels à la modération : Quand les églises, les chefs traditionnels, les intellectuels parlent, il faut écouter.
  5. Instrumentaliser la justice : Incarcérer des leaders pacifiques mine la crédibilité de toute institution.
  6. Se réfugier dans le silence : L’absence de réponse officielle face aux violences alimente la rage populaire.

Conclusion : le Cameroun brûle, mais c’est la conscience républicaine qui s’effondre

Un État qui utilise les armes de guerre contre ses citoyens n’est plus un État souverain, mais un régime en détresse.

La vraie sécurité ne s’obtient pas par la répression, mais par la confiance. Et la confiance ne se décrète pas, elle se mérite.

La gestion de crise n’est pas l’art de se faire obéir dans la peur.
C’est l’art d’éviter que le pays explose quand le peuple crie.

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