(À ceux qui croient que l’impunité est éternelle)

Vous qui marchez dans les couloirs sans fenĂŞtres,
dans les palais bâtis sur la peur,
vous qui signez des décrets au lieu de regarder vos victimes dans les yeux,
écoutez.

Vous avez confisqué l’air d’un homme,
comme on confisque une arme.
Mais c’est la vĂ©ritĂ© que vous avez tentĂ©e d’Ă©touffer,
et c’est elle maintenant qui respire à votre place.

Vous avez tué un corps,
mais vous avez réveillé une nation.

Vous paradez avec vos uniformes et vos titres,
vos croix au cou, vos bibles levées comme des boucliers,
vos églises construites pour acheter le pardon —
mais sachez ceci :
on ne trompe pas l’Histoire avec des cierges.

Hitler priait.
Mobutu priait.
Pinochet priait.
Et pourtant leurs trônes ont brûlé,
leurs statues ont été renversées,
leurs noms ne sont plus que cendres et dégoût.

Vous aussi, hommes de l’ombre,
vous avez cru dompter la mémoire,
acheter le silence,
intimider le courage.
Mais l’Histoire a toujours réservé la même fin aux bourreaux :

L’oubli.
L’abîme.
La tombe sans nom.
Le livre fermé.
Le souvenir maudit.

Vous vous croyez intouchables parce que les vivants tremblent.
Mais regardez bien :
les morts ne tremblent pas.
Ils veillent.
Ils demandent justice.
Ils marchent avec le temps —
et le temps ne pardonne jamais.

Vous avez traité la vie comme un grain de poussière,
vous avez traité les dissidents comme des nuisibles,
vous avez arraché l’air à ceux qui parlaient,
pensant que le silence vous appartiendrait.

Mais voici votre destin :

Vous tomberez comme tombent tous les hommes sans honneur :
sans témoin pour pleurer,
sans héritage pour défendre,
sans livre pour raconter,
sans lumière pour vous absoudre.

Vos descendants porteront votre nom comme un fardeau,
vos prières n’auront plus d’écho,
vos temples deviendront ruines,
vos certitudes deviendront poussière.

Car les nations pardonnent parfois,
mais l’Histoire — elle —
n’oublie jamais.

Aujourd’hui, vous vous glorifiez.
Demain, vous serez jugés.
Et un jour, très bientôt,
vos victimes seront debout —
debout comme Anicet, fils d’Ouandié
debout comme Um Nyobè,
debout comme tous ceux que vous avez cru réduire au silence.

Et ce jour-lĂ ,
quand les chaînes tomberont,
quand le peuple parlera,
quand la peur s’enfuira —
ce ne sera pas votre règne qui triomphera,
mais leur liberté.

Nous ne sommes pas venus pour nous venger.
Nous sommes venus pour témoigner.

Et ce témoignage est simple :

 Les lumières reviennent toujours.
Les ombres ne durent jamais. 

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