« Je suis candidat » : c’est par ces mots que le président Paul Biya aurait, selon une affiche qui circule abondamment sur les réseaux sociaux, annoncé sa candidature à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. L’homme qui dirige le Cameroun depuis 1982, avec un total de 43 ans au pouvoir, brigue ainsi un huitième mandat, malgré un âge avancé — 92 ans, ce qui ferait de lui le chef d’État le plus âgé du monde à solliciter un mandat supplémentaire.
🔍 Une longévité politique inédite… mais à quel prix?
Ce qui fut autrefois perçu comme un symbole de continuité est désormais vécu par une majorité de Camerounais·es comme un carcan politique. Depuis plusieurs années, le président Biya n’apparaît que rarement en public. Ses apparitions sont protocolaires, souvent limitées à des images figées ou à de courtes vidéos muettes. Son état de santé, bien que jamais officiellement commenté, fait l’objet de nombreuses spéculations.
Le paradoxe est cruel : le Cameroun est un pays jeune, avec plus de 70 % de sa population âgée de moins de 30 ans, mais il est dirigé par un homme dont le centenaire coïnciderait avec la fin du prochain mandat s’il comme d’habitude il reste au pouvoir.
🚧 Qu’a-t-il encore à offrir ?
Dans la déclaration, le président évoque des résultats « visibles » et « appréciables ». Mais dans les faits, le chômage des jeunes, la pauvreté, la fuite des cerveaux, la corruption endémique, l’absence de réformes institutionnelles profondes, et la crise anglophone non résolue, laissent planer un profond doute sur la capacité de l’actuel régime à répondre aux aspirations réelles du peuple.
De nombreuses voix, au sein même du sérail, dénoncent aujourd’hui une confiscation du pouvoir, où le renouvellement générationnel est étouffé et où les élites politiques sont réduites à des rôles d’exécutants ou de figurants.
🧓🏾 La gérontocratie au pouvoir, un frein au progrès ?
L’Afrique regorge de leaders jeunes, dynamiques, porteurs d’idéaux contemporains. Des pays voisins comme le Sénégal ont vu émerger une jeunesse mobilisée, capable de s’imposer démocratiquement. Au Cameroun, au contraire, le pouvoir semble se fossiliser autour d’un homme et de son entourage, tandis que l’énergie débordante de la jeunesse est réduite à l’exil, au silence ou à la marginalisation.
Peut-on raisonnablement espérer qu’un président de 92 ans impulse des réformes profondes, s’attaque aux inégalités structurelles, et incarne les espoirs d’une jeunesse en quête de dignité, d’emploi et de liberté ?
âť“ Et maintenant ?
Cette nouvelle candidature, si elle est confirmée officiellement, doit interpeller. Elle soulève des questions essentielles:
- Quel avenir pour les jeunes Camerounais·es si la même figure reste au pouvoir jusqu’à ses 100 ans ?
- Que dit ce choix sur notre rapport au leadership, à l’alternance et au renouveau ?
- Le Cameroun est-il condamné à l’éternel recommencement, ou peut-il écrire une nouvelle page de son histoire politique ?
✊🏾 Appel à la vigilance et à la mobilisation citoyenne
Les prochaines élections ne doivent pas être une simple formalité administrative. Elles doivent être l’expression du peuple camerounais dans sa pluralité, sa jeunesse, sa diversité. La jeunesse camerounaise a le droit de rêver un autre futur, un avenir où les choix politiques sont faits pour elle, avec elle, et non au-dessus d’elle.
Le moment est venu de poser des actes, d’exiger des débats, de revendiquer la transparence, la justice et l’alternance.
📣 Réflexions pour aller plus loin
- Pourquoi la longévité au pouvoir est-elle si souvent valorisée au détriment du renouvellement ?
- Comment construire une culture politique fondée sur le mérite et la relève plutôt que sur le culte de la personnalité ?
- Que peuvent faire les diasporas, les jeunes, les femmes et la société civile pour influencer pacifiquement mais fermement l’avenir politique du pays ?
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