Le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), au pouvoir depuis plus de quatre décennies, se retrouve dans une situation aussi inédite qu’embarrassante : deux de ses militants ont officiellement déposé leur candidature à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Il s’agit de Paul Biya, 92 ans, président sortant, et de Léon Theiller Onana, militant déclaré du même parti.

Un fait surprenant dans n’importe quel système démocratique cohérent. Mais au Cameroun, cette anomalie juridique et politique soulève des questions fondamentales sur la crédibilité des institutions, la séparation des pouvoirs, et la logique à géométrie variable de l’État de droit.


⚖️ La jurisprudence UPC : arme contre l’opposition, silence pour le pouvoir ?

Rappelons les faits : en 2011 et 2018, l’Union des Populations du Cameroun (UPC) s’était vu refuser la validation de ses candidatures présidentielles au motif que plusieurs factions internes prétendaient représenter le même parti.

L’argument de l’administration : un parti politique divisé ne peut légalement présenter de candidat à une élection nationale. Ce précédent, désormais connu comme la « jurisprudence UPC », a servi à écarter des opposants en période électorale, souvent au profit du RDPC.

Aujourd’hui, c’est le RDPC lui-même qui présente deux candidats. Si le droit était appliqué de façon équitable, les deux candidatures devraient être déclarées nulles pour cause de conflit de représentation. Mais l’organe en charge des élections (ELECAM) et les autorités administratives observent, jusqu’ici, un silence troublant.


🏛️ Parti-État : le RDPC au-dessus de la loi ?

Ce désordre apparent n’est pas fortuit. Il reflète la fusion quasi totale entre le parti au pouvoir et l’État camerounais, dans un système où :

  • Le pouvoir exĂ©cutif contrĂ´le l’administration territoriale ;
  • L’organe Ă©lectoral (ELECAM) est en grande partie composĂ© d’anciens ou de membres actuels du RDPC ;
  • Le Conseil Constitutionnel, censĂ© trancher les contentieux Ă©lectoraux, est prĂ©sidĂ© par un proche du rĂ©gime.

Ainsi, ce qui aurait été un motif d’invalidation automatique pour l’UPC ou le MRC devient un simple “incident de parcours” quand il touche le RDPC.


🎭 L’obsession de l’élimination du Pr Kamto… au détriment de la cohérence

Depuis plusieurs mois, les pontes du régime ont concentré leurs efforts sur la disqualification du professeur Maurice Kamto, président du MRC. Prétextes juridiques, manœuvres administratives, déclarations ministérielles : tout a été mobilisé pour écarter sa candidature.
Mais dans cette ruée vers l’élimination politique, le pouvoir n’a pas vu venir sa propre faille : une double candidature issue de ses propres rangs.

Ironie du sort, ceux-là mêmes qui parlaient de “chaos” au sein des partis de l’opposition se retrouvent à devoir expliquer pourquoi deux de leurs militants prétendent au fauteuil présidentiel, sans même un congrès national clair pour trancher.


🤔 Que reste-t-il du droit, de la morale et de l’équité ?

Cette situation pose des questions essentielles :

  • Le RDPC est-il un parti politique comme les autres ou une entitĂ© au-dessus de la loi ?
  • ELECAM et le Conseil Constitutionnel auront-ils le courage d’appliquer Ă  Paul Biya et Ă  LĂ©on Onana les mĂŞmes règles que celles imposĂ©es Ă  l’UPC ou au MRC ?
  • La dĂ©mocratie camerounaise est-elle encore capable de se regarder dans le miroir du droit ?

✊🏾 Ce que le peuple doit comprendre

Les Camerounais ne doivent pas se laisser distraire par le théâtre institutionnel. Ce dysfonctionnement démontre une fois de plus que :

  1. La démocratie camerounaise est piégée par l’impunité du pouvoir.
  2. Le RDPC, loin d’être un modèle de stabilité, est traversé par des luttes internes non dites.
  3. Le système électoral ne protège pas le citoyen, mais les intérêts d’une minorité.

📢 Appel à la vigilance citoyenne

👉🏾 Le peuple doit exiger une application stricte et équitable de la loi électorale.
👉🏾 Le peuple doit dénoncer la duplicité d’un pouvoir qui veut éliminer les opposants tout en s’accordant des passes-droit.
👉🏾 Le peuple doit défendre son vote et sa dignité face à un système qui considère le droit comme un outil de domination, et non comme un principe de justice.

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