Il y a des hommes que l’Histoire officielle préfère enterrer deux fois : une première fois par la mort, une seconde fois par l’oubli. Félix Roland Moumié est de ceux-là. Pourtant, son nom devrait résonner avec autant de force que ceux de Lumumba, Sankara ou Cabral. Médecin de formation, révolutionnaire par conscience, Moumié a été la cible d’un assassinat politique soigneusement orchestré. Il fut empoisonné à Genève en 1960 par les services secrets français — non pas pour ce qu’il avait fait, mais pour ce qu’il incarnait : la promesse d’un Cameroun libre et juste.

🩺 Du bistouri à la lutte politique

Né en 1925 à Foumban, au Cameroun, Félix Moumié est formé en médecine à Dakar. Très vite, il comprend que soigner les corps ne suffit pas, lorsque l’âme d’un peuple est opprimée. Il rejoint l’Union des Populations du Cameroun (UPC) et succède à Ruben Um Nyobè après son assassinat en 1958. Il devient dès lors le porte-flambeau du combat pour l’indépendance véritable du Cameroun.

Moumié incarne une nouvelle génération d’intellectuels africains : cultivés, engagés, radicaux sans être dogmatiques, et profondément attachés à la souveraineté du peuple.

🧭 Exilé mais pas effacé

Contraint à l’exil après l’interdiction de l’UPC en 1955, Félix Moumié continue son combat depuis l’extérieur. Il voyage entre les capitales africaines, les congrès panafricains, et les forums internationaux. Il parle avec clarté de la répression féroce du colonialisme français au Cameroun, de la nécessité d’un panafricanisme émancipateur et du droit à l’autodétermination des peuples.

Cette voix, calme, mais ferme, inquiète Paris. L’ordre est donné de le réduire au silence. Le 3 novembre 1960, il est empoisonné au thallium à Genève par William Bechtel, un agent des services secrets français. Il meurt après une lente agonie. Il n’avait que 35 ans.

💔 Une indépendance volée

Quelques mois à peine après l’indépendance officielle du Cameroun (1er janvier 1960), l’assassinat de Moumié révèle une vérité brutale : l’indépendance n’était qu’une façade, un transfert de pouvoir vers une élite docile, sous la tutelle de l’ancienne puissance coloniale. L’opposition réelle, radicale, populaire, a été décimée, diabolisée, exilée.

La mort de Moumié, comme celle de Um Nyobè, montre que la France a choisi ses interlocuteurs et éliminé ceux qui refusaient la dépendance économique et politique.

🌍 Héritage et oubli organisé

Aucun monument national ne lui est dédié. Aucun manuel scolaire ne détaille son parcours. Aucun 3 novembre n’est jour de commémoration.

Et pourtant, Moumié vit dans les mémoires rebelles, dans les résistances silencieuses, dans la colère des oubliés. Son courage, son intelligence, sa vision d’un Cameroun fédéral, juste, pluraliste, résonne encore aujourd’hui, à l’heure où le pays étouffe sous les mêmes logiques d’exclusion et de manipulation.

📣 Ne laissons plus le poison de l’oubli tuer deux fois

🕊️ Le plus grand hommage que l’on puisse rendre à Félix Moumié, c’est de poursuivre son combat avec nos mots, nos actes, notre lucidité.

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« Le Cameroun ne sera libre que lorsque son peuple décidera lui-même de son avenir. »
— Félix Moumié

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