Par Voix Plurielles
Dans les pages encore fumantes de l’histoire de la résistance camerounaise, un nom brille avec l’intensité d’un éclair : Tabeu Gabriel, connu sous le nom de Wambo Le Courant. Héros discret mais redouté, il incarne la fougue de cette jeunesse camerounaise des années 1950 qui refusa de plier sous le joug colonial français et choisit de prendre les armes au nom de la souveraineté nationale.
⚡ Un surnom qui traverse les consciences
On l’appelait Wambo Le Courant, non pas pour sa propension à fuir, mais pour sa capacité à frapper vite, fort, et à disparaître avant que l’ennemi ne réalise ce qui s’est passé. Tel un courant électrique imprévisible, il électrisait la résistance armée dans l’Ouest du Cameroun, notamment dans les bastions de l’Union des Populations du Cameroun (UPC).
🩸 Le feu dans les veines, la liberté en ligne de mire
Né à Bayangam dans les Hautes Terres de l’Ouest (aujourd’hui région de l’Ouest), Gabriel Tabeu grandit dans un Cameroun secoué par la dépossession, l’arrogance coloniale, et l’humiliation des siens. Très jeune, il rejoint les rangs de l’UPC, ce mouvement nationaliste fondé en 1948 qui exigeait l’indépendance immédiate et sans condition du Cameroun sous tutelle française.
Aux côtés de leaders comme Ruben Um Nyobè, Félix Moumié, Ernest Ouandié, Abel Kingué ou encore Osendé Afana, Wambo s’inscrivit dans la branche armée de la résistance camerounaise après l’interdiction de l’UPC en 1955.
🔥 Maquisard légendaire et tacticien hors pair
Maquisard redouté, Wambo Le Courant organisa et mena de nombreuses opérations de guérilla contre les troupes françaises et les forces supplétives camerounaises. Son agilité stratégique et sa connaissance du terrain firent de lui un chef militaire respecté, parfois craint, mais toujours déterminé.
Son engagement n’était pas une quête de pouvoir personnel, mais une réponse urgente au silence imposé par le colon et à la violence exercée contre ceux qui demandaient dignement l’indépendance.
⚰️ Une mort obscure, une mémoire effacée… mais vivante
Comme beaucoup de figures de la résistance camerounaise, Wambo Le Courant fut capturé, torturé, puis exécuté aux cotes d’Ernest Ouandie et Raphaël Fotsing le 15 janvier 1971 à Bafoussam. Son nom fut banni des livres d’histoire officiels, ses exploits étouffés par une République qui s’était alignée avec les intérêts de l’ancien colonisateur.
Mais dans la mémoire populaire, dans les récits transmis de génération en génération, dans les chansons murmurées dans les chefferies de l’Ouest, Wambo Le Courant demeure un symbole d’honneur, de courage et de sacrifice.
🕊️ Hériter de sa flamme
Aujourd’hui, honorer la mémoire de Tabeu Gabriel, c’est :
- Refuser la falsification de l’histoire.
- Exiger la réhabilitation officielle des combattants de l’indépendance.
- Lutter pour une société où la jeunesse n’est pas sacrifiée mais écoutée, outillée et accompagnée.
- Réclamer justice pour les martyrs oubliés et une refondation morale de notre République.
« Wambo n’est pas mort, il circule encore, dans chaque cœur qui rêve d’un Cameroun libre, juste et digne. »