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🇨🇲 Ruben Um Nyobè: Le silence des balles, la voix du peuple

Ruben Um Nyobè: Le silence des balles, la voix du peuple

Il y a des morts qui grondent plus fort que mille vivants. Des silences qui crient dans l’histoire. Des pas qui continuent de marcher, même après la chute du corps. Le nom de Ruben Um Nyobè est de ceux-là. Effacé des livres d’histoire pendant des décennies, diabolisé par le pouvoir, mais gravé dans la mémoire des justes, il incarne la vérité crue et brûlante d’un Cameroun qui voulait naître libre.

🏾 L’homme derrière le mythe

Né le 10 avril 1913 à Song Mpek dans la Sanaga-Maritime, Ruben Um Nyobè est l’un des fondateurs et le secrétaire général de l’Union des Populations du Cameroun (UPC). Humaniste, anticolonialiste, homme de culture et de parole, il croyait profondément à l’émancipation des peuples par la justice, l’éducation et la dignité. Son combat n’était pas ethnique, ni régional : il était national et pan-africain.

Il fut parmi les premiers à porter la question camerounaise devant les Nations Unies, dénonçant les exactions du régime colonial français, les arrestations arbitraires, la répression des manifestations et la dépossession des terres.

🔥 Une indépendance réclamée, un homme traqué

Ce que Ruben Um Nyobè réclamait, c’était simple et profond : une indépendance réelle, une unité nationale entre les différentes régions anglophone et francophone, une révolution sociale ancrée dans les réalités camerounaises.

Mais ses idées dérangeaient. Trop brillantes. Trop cohérentes. Trop populaires. Le colonialisme français, refusant de dialoguer, a répondu par les armes. L’UPC est interdite en 1955. Les militants sont pourchassés, torturés, massacrés. Le maquis devient la seule voie de survie pour la résistance.

🕊️ La fin d’un homme, le début d’une légende

Le 13 septembre 1958, Um Nyobè est assassiné par l’armée coloniale dans la forêt d’Eséka. Son corps traîné, mutilé, jeté en pâture pour terroriser les populations. Il avait 45 ans.

Interdiction fut faite pendant plus de 20 ans de prononcer son nom en public. Son souvenir fut rayé de l’espace public, comme pour tuer deux fois. Pourtant, rien n’y fit. Dans les villages, dans les maquis, dans les esprits, Um Nyobè devint un symbole. Le Mpodol, celui qui parlait pour les sans-voix.

📚 Un héritage toujours vivant

Aujourd’hui encore, les paroles d’Um Nyobè résonnent avec une actualité frappante. Il parlait déjà de justice sociale, de souveraineté économique, de cohabitation interethnique, de dignité des femmes, d’égalité des langues. Il dénonçait les manipulations, les fausses indépendances, les jeux d’influence des puissances étrangères.

Il n’a jamais réclamé le pouvoir pour lui-même. Il a simplement voulu que le peuple camerounais devienne maître de son destin.

📣 Raviver la flamme d’Um Nyobè

🎙 Il ne suffit pas d’honorer les martyrs avec des mots: il faut continuer leur combat avec des actes.

« Une indépendance sans justice sociale serait une nouvelle forme de domination. »
— Ruben Um Nyobè

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