L’annonce de la candidature de Paul Biya à l’élection présidentielle d’octobre 2025, confirmée par Ferdinand Ngoh Ngoh lors d’une réunion stratégique à Ebolowa, n’a surpris personne. Mais elle ravive des questions profondes et urgentes : Qui gouverne réellement le Cameroun ? La démocratie camerounaise existe-t-elle encore ? Et surtout, que peut encore le peuple ?
Une longévité qui interroge
À 92 ans, après plus de 43 ans de règne sans partage, Paul Biya reste l’un des plus anciens chefs d’État du monde. Pour ses partisans, il incarne la stabilité et la continuité dans un pays confronté à des défis sécuritaires majeurs. Pour d’autres, cette candidature est le symbole d’un verrouillage du jeu politique, où l’alternance est non seulement improbable, mais inacceptable pour un pouvoir obsédé par sa propre survie.
Ferdinand Ngoh Ngoh a annoncé avec assurance que le président ferait un « raz de marée dans le Sud », en s’appuyant sur des réseaux politiques, administratifs et tribaux renforcés. Mais derrière ces mots se dessine une stratégie vieille comme le régime : la mobilisation régionale et clanique comme arme électorale.
️ Équité électorale : un concept en danger
L’environnement pré-électoral de 2025 rappelle tristement celui de 2018 :
- Des milliers de cartes électorales non distribuées
- Une non-publication persistante des listes électorales
- Des accusations de fraude anticipée et planifiée
- Un espace civique restreint: répression des manifestations, harcèlement des opposants, censure des médias
À cela s’ajoute une instrumentalisation des institutions comme ELECAM, souvent accusée de partialité, et des médias d’État transformés en outils de propagande.
Et le peuple dans tout ça?
La question essentielle n’est pas seulement « Qui se présente ? » mais surtout « Qui protège le vote ? »
Le peuple doit se mobiliser dès maintenant :
- S’inscrire massivement et vérifier sa présence effective sur les listes
- Se former aux procédures électorales et aux recours possibles
- Éviter les achats de conscience qui avilissent la dignité citoyenne
- Photographier ou filmer toute irrégularité observée (là où c’est légal)
- Soutenir les efforts de surveillance électorale indépendante
Trois piliers de campagne: réalité ou mirage?
La présidence mise sur trois axes pour justifier cette nouvelle candidature :
- Les projets structurants : ports, barrages, routes — dont certains stagnent ou sont plombés par la corruption.
- L’expérience sécuritaire : Boko Haram, crise anglophone — mais sans véritables avancées durables ni dialogue inclusif.
- Les alliances régionales : souvent à sens unique, profitant davantage aux puissances partenaires qu’au peuple camerounais.
Un appel à la vigilance citoyenne
Le droit de vote ne suffit pas ; il faut désormais le défendre.
L’histoire nous enseigne que ce n’est pas dans les palais que naît le changement, mais dans la rue, dans les urnes, dans la conscience populaire éveillée.
Citoyennes, citoyens: Ne vous résignez pas. Organisez-vous. Participez. Exigez.
La démocratie camerounaise n’a pas dit son dernier mot — à condition que vous soyez sa voix.
Lisez, partagez, organisez.

